Laissez-vous surprendre. Vous pourrez en prendre plein les yeux. Je vous propose une expérience d’utilisation des outils d’analyse des informations assistées par le numérique. Pour réussir, l’appropriation rigoureuse d’un processus structuré est indispensable, avec un savoir faire d’improvisation calculée, combinée à une posture affirmée et rassurante. L’idée n’est pas de vous inciter à devenir mentaliste, mais de vous transmettre l’exigence de la pratique de la méthode.

Je vous passe les principes techniques de mentalisme. La préparation est indissociable du jeu. Ce qui vous étonne le plus engage votre inattention, votre duplicité, votre crédulité, vos habitudes de pensée, et aussi, parfois, une complicité à laquelle vous n’oseriez croire : la vôtre ! Lecture à froid (article wikipedia), forcing (idem), détournement d’attention (vidéo), complicité d’un tiers (vidéo), tous les moyens sont bons, pourvu que ça vous distrait, vous bluffe, vous étonne ou vous épate.

Parmi les instruments les plus courants du mentalisme vous trouvez les chiffres (voyez la vidéo explicative d’un coup qui pourra vous étonner, avec les explications en chiffres et des habiletés manuelles invisibles). Peut-on dire que l’initiateur du mentalisme est Pythagore (-580/-495) ? Grâce aux nombres, raconte le biographe Jamblique, l’auteur du calcul de l’hypoténuse « pratiquait une admirable méthode de prédiction, et il rendait un culte aux dieux selon les nombres, parce que la nature du nombre leur est complètement apparentée. » (citation infra). Il tenait les premiers secrets des nombres d’un séjour en Égypte. Les architectes des pyramides en avaient déjà quelques idées transmises par quelques Sumériens sans doute. Pour Pythagore, fondateur de la philosophie et de l’astronomie, c’est clair, tout est nombre. Nombre d’auteurs s’inspirent de lui, dont certains joueront des nombres pour en faire une symbolique. Augustin d’Ippone (354-430), le célèbre penseur chrétien né en Algérie, flirtait aussi avec les chiffres (de l’arabe صفر , ṣifr) – dont l’étymologie renvoie à l’arabe. C’est en jouant de l’effet symbolique des nombres qu’il invente une harmonie au service de l’influence religieuse du christianisme. La lignée de ceux que les chiffres ont inspiré est grande. Je ne vais pas vous citer Blaise Pascal ou mieux encore, René Descartes et tous les inventeurs des technologies modernes… Attention quand même aux fake news (1) !

Désormais, avec ChatGPT, le mentalisme est mis à la portée de tous. Malgré les défauts de raisonnement et les faiblesses dans le traitement des formules mathématiques, l’outil en ligne vous permet de lever le voile de la prédiction.

Un public face à un mentaliste qui détient 6 cartes et sur chacune une image particulière. Dans une enveloppe, une carte a été glissée et elle est identique à celle qui sera choisie par une personne prise au hasard dans le public.

Comment le mentaliste aura-t-il procédé pour aboutir à coup sûr au résultat attendu ? Cette question peut être posée à ChatGPT, mais les réponses ne sont pas suffisamment précises. Mais en prenant le dialogue et en identifiant les comportements du mentaliste tout au long de son tour, ChatGPT est plus éloquent.

Texte soumis à ChatGPT

Expliquer le tour de mentalisme avec six cartes. Le mentalisme dit à quelqu’un du public, disons Bernie : j’ai six cartes, l’objectif est qu’il n’en reste qu’une seule. On va donc en supprimer 5. Le mentaliste pose les cartes sur la table. On a, en commençant par la droite dans l’ordre qu’il dépose : un masque, une main, une pomme, une plume, un sablier, un papillon.

Le mentaliste demande : j’élimine lesquelles en premier, les paires ou les impaires, vite d’instinct ?

Bernie dit : d’abord les cartes paires.

Le mentaliste compte à partir de la droite :

• 1 la première carte à droite, on garde dit le mentaliste : le masque
• 2 la main : il sort la carte
• 3 on garde : la pomme
• 4 on sort : la plume
• 5 on garde : le sablier
• 6 on sort : le papillon.

Question : si Bernie avait dit d’éliminer les impaires, comment le mentaliste aurait-il procédé ?

Le mentaliste compte à partir de la droite :

Le mentaliste poursuit : laquelle élimine-t-on maintenant ? Il parle plus vite : Allez, d’instinct (il joue sur le temps) ? Comme il a éliminé trois cartes, il repositionne les cartes en les rapprochant. il s’y prend à deux fois pour le masque qu’il a mal aligné par rapport aux deux autres. De ce fait, la carte du masque est de travers, ce qui l’amène à redresser cette carte.

Dans une enveloppe, il y a un petit papier… et c’est le dessin de la carte choisie par Bernie qui reste au final. Comment en est-il arrivé là, de manière certaine ?

Réponse de ChatGPT

Le tour de mentalisme que vous décrivez repose sur des principes de psychologie et de suggestion, ainsi que sur une manipulation subtile de l’attention du spectateur, Bernie, pour l’amener à choisir la carte que le mentaliste a prédéfinie comme étant la dernière restante.

Explication détaillée du tour

Présentation des cartes

Le mentaliste présente six cartes avec des illustrations différentes : un masque, une main, une pomme, une plume, un sablier, et un papillon) et les dispose sur la table dans un ordre spécifique.

Phase d’élimination

Le mentaliste demande à Bernie de choisir s’il souhaite éliminer les cartes paires ou impaires. Ce choix est un faux choix, car quel que soit ce que Bernie décide, le mentaliste peut toujours manipuler le résultat final.

Supposons que Bernie choisit d’éliminer les cartes paires. Le mentaliste commence alors à compter les cartes en partant de la droite, en éliminant les cartes 2, 4, et 6.

Le mentaliste garde les cartes 1, 3, et 5 (le masque, la pomme, et le sablier).

Suggestion subtile

À ce stade, il reste trois cartes. Le mentaliste repositionne les cartes en les manipulant légèrement, par exemple, en mettant une carte (le masque) un peu de travers puis en la redressant, pour attirer l’attention de Bernie sur celle-ci.

Ensuite, il demande rapidement à Bernie d’éliminer une autre carte « d’instinct ». Bernie est inconsciemment poussé à éliminer l’une des deux autres cartes (la pomme ou le sablier), laissant la carte « préférée » du mentaliste (le masque) comme l’une des deux dernières cartes.

Dernière élimination

Le mentaliste répète le processus, demandant encore une fois à Bernie d’éliminer une carte. Grâce à la suggestion et à la manipulation de l’attention, Bernie finit par éliminer la dernière carte qui n’est pas le masque, laissant cette carte comme la dernière.
Révélation finale :

Le mentaliste révèle ensuite l’enveloppe dans laquelle il avait placé un dessin ou une image de la carte qui reste sur la table (le masque). Cette prédiction semble alors miraculeuse, renforçant l’idée que le mentaliste avait « prédit » ou « influencé » le choix de Bernie tout au long du processus.

Principes sous-jacents

Psychologie de la suggestion : Le mentaliste utilise des techniques subtiles pour orienter les choix de Bernie sans qu’il s’en aperçoive. En créant une pression temporelle (« d’instinct, vite ! »), il pousse Bernie à faire des choix rapides et instinctifs qui peuvent être influencés par les indices que le mentaliste lui a donnés.

Faux choix : Les choix offerts à Bernie (éliminer les cartes paires ou impaires) sont en réalité des choix qui n’affectent pas l’issue prédéterminée par le mentaliste. Selon le choix de Bernie, le décompte est fait dans un sens ou dans l’autre.

Manipulation subtile : En attirant l’attention de Bernie sur certaines cartes par des gestes discrets (comme redresser une carte), le mentaliste influence son processus de décision de manière inconsciente.

Ce tour fonctionne en jouant sur les attentes et la perception du spectateur, qui croit qu’il a un contrôle total sur les choix, alors que ceux-ci ont été subtilement guidés dès le début.

Pourquoi les médiateurs doivent-ils être attentifs à ces méthodes ?

• Éviter la manipulation involontaire
• Maintenir la neutralité
• Rester distant en termes d’impartialité et d’indépendance
• Conduire un processus structuré rigoureux et souple
• Identifier les tactiques utilisées par les parties
• Etre attentif aux phénomène de manipulation, par création de sympathie
• Favoriser une prise de décision éclairée
• Prévenir les malentendus
• Sortir des ornières du feeling, du bon sens et de l’intuition typique de la médiation traditionnelle
• Garantir l’éthique et la déontologie de la médiation professionnelle

La liste peut être détaillée, mais si vous êtes arrivé là de cette lecture, vous savez combien il est important de travailler la pensée, la réflexion, l’anticipation, les raisonnements et le développement de la conscience… Bon approfondissement de la pratique méthode…

(1) Attention aux effets de style qui transmettent des informations inexactes (cf. Viktor Vincent) : les liens présentés entre les jeux de 52 cartes et le temps est fantaisiste. La présentation d’autorité est une élucubration concernant le parallèle entre le nombre de saisons (4 couleurs), le nombre de figures (12 figures/12 mois), le nombre de semaines (52 cartes), ainsi que l’addition des valeurs de toutes les cartes avec le nombre de jours dans une année, relèvent de la légende urbaine. Cette pseudo curiosité mathématique n’est qu’une coïncidence. Le calcul du total de la valeur des cartes est totalement variable. Les différentes valeurs données aux cartes ne correspondent pas précisément aux jours de l’année, sauf en modifiant les règles d’addition. De plus, le total obtenu n’atteint pas directement 365 sans manipulations spécifiques (ajouter des jokers, etc.). Attention donc aux tentations de la transmission de pseudo-connaissance ; c’est un aspect essentiel de la rigueur.