L’ingénierie relationnelle, une relique intellectuelle ?

Rédigé le 20/01/2025
Jean-Louis Lascoux

Le cerveau humain fonctionne par automatisation. Sans actualisation consciente, les schémas de pensée restent bloqués, avec pour conséquence de limiter la compréhension d’une complexité relationnelle. Ainsi, si vous avez adopté un concept en croyant qu’il était abouti, c’est que vous restez dans un confinement cérébral. A ce propos, vous pourrez vous procurer le livre blanc de la pensée augmentée que je viens de terminer.1

De la médiation professionnelle à la qualité relationnelle 2

Il y a quelques années, j’ai créé l’ingénierie relationnelle, un modèle novateur qui plaçait la qualité des interactions humaines au centre des pratiques professionnelles et des modes de gouvernance. Mon objectif était d’accompagner les personnes dans la gestion de leurs différends en favorisant la reconnaissance mutuelle et la restitution du sens des propos, tout en dépassant les cadres moralisants ou les logiques de pouvoir.

Cependant, avec le temps et l’évolution de mes recherches, je fais un constat : le concept d’ingénierie relationnelle, bien qu’essentiel, reste limité. Il porte sur l’idée de la relation entre les personnes, en omettant des dimensions plus vastes qui influencent ces interactions. Or, l’être humain ne se limite pas à ses relations. Il est un acteur au sein de systèmes complexes, et lui-même constitue un système relationnel dynamique, influencé par des croyances, des émotions, des normes sociales, des interactions culturelles, mais aussi par des structures organisationnelles et institutionnelles.

À travers mon travail de structuration de la médiation professionnelle, j’ai affiné des techniques favorisant la qualité relationnelle, telles que l’altérocentrage, la restitution de sens, et les modèles transactionnels pour dépasser les blocages émotionnels et cognitifs. J’ai créé en 1987 le modèle SIC, en 2024 les inventaires NEXUS pour la qualité relationnelle et la prévention des RPS, dans une perspective d’entente sociale et de QVT. Mais il est devenu évident que ces approches nécessitent d’être intégrées dans une perspective plus large : celle de l’ingénierie systémique et relationnelle.

Pourquoi l’ingénierie systémique et relationnelle ?

Parce que les personnes humaines ne sont pas isolées dans leurs échanges. Elles sont prises dans des réseaux d’interactions interdépendants, qui englobent leurs relations interpersonnelles, leurs schémas de pensée, leurs croyances, et les systèmes dans lesquels elles évoluent (famille, entreprise, société, institutions, etc.). Ignorer ces systèmes, c’est réduire la portée de la médiation à une simple résolution de conflit ponctuel. Au contraire, en prenant en compte la dimension systémique, nous permettons un travail qui agit sur les structures, les dynamiques organisationnelles et les représentations des individus.

L’ingénierie systémique et relationnelle permet d’intervenir :

  • Sur les individus : en explorant leurs représentations mentales, leurs croyances limitantes, et les blocages émotionnels.
  • Sur les systèmes : en prenant en compte les interactions entre les acteurs, les structures organisationnelles et les dynamiques culturelles.
  • Sur les interactions : en favorisant la reconnaissance mutuelle, la responsabilisation et la création de nouveaux possibles dans les relations humaines.

En passant de l’ingénierie relationnelle à l’ingénierie systémique et relationnelle, j’ouvre le champ de la médiation professionnelle à une approche globale et intégrée, qui reconnaît que les interactions humaines sont influencées par des systèmes multiples.

Cette approche systémique est essentielle pour accompagner les personnes à la fois dans leur réflexion individuelle par rapport aux systèmes qui les façonnent et dans leur participation à la transformation des structures sociales et professionnelles.

Venez à l’EPMN découvrir l’ingénierie systémique et relationnelle. C’est une évolution nécessaire pour répondre aux défis du monde contemporain, où les relations humaines sont influencées par des systèmes de pensée, de représentations émotionnelles, expérientielles et rationnelles pour créer et faire vivre les organisations.

  1. Boutique de l’EPMN ↩︎
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